Le souterrain de la maison des Templiers à Gonesse, fouillé dans le quartier du Temple par la JPGF de Villiers-le-Bel, voit son étude terminée. La Société d’histoire et d’archéologie de Gonesse et du Pays de France a accepté de la publier dans son bulletin n°17 (avril 2023), pages 15 à 44.
En forme de croix, il s’agit d’un édifice constitué de 3 salles voûtées sur croisée d’ogives formant un trèfle au bout d’une nef précédée d’un escalier. Il fut construit à 6 mètres de profondeur en dessous de la maison que les Templiers ont reçue en donation d’une dame noble en 1284.
La construction est datable des environs de 1300, grâce aux restes de céramique découverts au pied des parois, le restant du sol ayant été raclé pour une raison inconnue.
L’étude archéologique est complétée par une étude historique du domaine gonessien des templiers. Lors de leurs arrestations en 1307, suivies de leurs tortures lors d’interrogatoires effroyables, nous ne savons pas si le templier Guillaume de Gonesse a pu en réchapper.
Après la condamnation des templiers (1312), les hospitaliers gèrent ce domaine et ont beaucoup de mal à maintenir en état la maison durant les crises qui surviennent tout le long des XIVe et XVe siècles ; le souterrain semble alors laissé à l’abandon.
En 1465 la maison est définitivement détruite lors ou à la suite d’un incendie, ce qui expliquerait l’existence d’une couche cendreuse sur le sol du souterrain. Vers 1500, Estienne Félix, fermier des hospitaliers, redécouvre le souterrain. Ignorant peut-être l’ancien escalier, il en construit un nouveau, très long et profond, aboutissant dans la salle formant le chœur de l’édifice. Dans quel but veut-il le réaménager ? Il le couvre d’un nouveau sol en chaux, dans lequel est serti un coquemar. Pour une durée courte, puisque dès le milieu du XVIe l’édifice est abandonné : à part le coquemar bien visible, les occupants n’y laissent rien : pas le moindre tesson de verre ou de céramique qui pourrait témoigner d’une quelconque utilisation. Le nouvel escalier sert, durant le 3e tiers du XVIe siècle, de dépotoir, avant que son accès soit obstrué par un mur.
Nous ne savons pas à quoi, à l’origine, a pu servir ce souterrain. Probablement en cave, mais peu pratique pour y descendre à une profondeur de 6 mètres des tonneaux de vin ou des boisseaux de céréales au sein d’un air humide. En comparaison, à 100 mètres du site, les caves du XIIIe siècle de l’Hôtel-Dieu, plus spacieuses, avaient, en haut des murs, des fenêtres directement ouvertes sur la rue.
Francis LESPRIT
