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Nouvelles des meuliers gallo-romains de Bellefontaine (Chantier de Pâques 2014)

 

Sur les traces des meuliers gallo-romainsLe Parc du Château, dans la commune de Bellefontaine (Vallée de l’Ysieux), recèle des vestiges d’habitat et d’ateliers antiques. De nombreuses ébauches, ou ratés de fabrication, ont déjà été collectés et des milliers d’éclats de taille, de différentes dimensions, jonchent le sol de ce parc boisé sur une superficie d’environ 6 hectares. Pour en savoir plus, consulter sur ce site le livret de l’exposition «La Pierre à Pain», l’article «Une Histoire d’Argile et de Grès» et le catalogue de l’exposition «Sous les meules le grain», présentée au musée Archéa en 2013-2014 (disponible sur commande au musée).

Ce site meulier est actuellement le plus important parmi ceux qui ont été repérés dans la vallée, entre la butte d’Epinay, Luzarches et le village de Fosses. Découvert par la JPGF en 1990, il montre une intense activité de fabrication artisanale dans tout le territoire de Bellefontaine, et plus particulièrement dans le Parc du Château, préservé depuis le Moyen Âge de l’urbanisation et des travaux agricoles.

Sur les traces des meuliers gallo-romainsIl s’agit de la production à grande échelle de moulins rotatifs manuels gallo-romains en grès de Fosses, fabriqués in situ durant au moins un demi millénaire, entre le Ier siècle avant J.- C. et le Bas Empire, jusqu’à la fin du Vème siècle. Afin de vérifier certaines données d’épaisseur, de quantité et de calibre des éclats de taille repérés sur quelques points précis du parc, l’équipe archéologique, en accord avec la Directrice de la Maison de Retraite, propriétaire du château, a effectué un défrichement de cinq secteurs bien définis (A, B, C, D et E) du talus en bordure nord du chemin principal traversant le parc. Ainsi, du 14 au 25 avril, cinq membres de la JPGF ont effectué une opération de nettoyage des divers végétaux, humus et bois morts, qui a permis de mettre en évidence les cinq points suivants :

  1. Une épaisseur en place d’éclats de taille beaucoup plus importante qu’il avait été supposé pendant nos premières prospections dans le parc (estimée à 1 mètre alors qu’elle s’est avérée de plus de 2 mètres après nettoyage du talus).
  2. Plusieurs verses d’éclats de taille sur différents secteurs (A, B, C, et E) qui montrent dans l’espace surplombant le talus la présence d’atelier de taille en place. Ainsi, les meuliers ont volontairement repoussé les gros éclats pour ne pas se laisser envahir par ces déchets de grès sur leur aire de travail.
  3. Un gros bloc de plusieurs centaines de kilos en grès de Fosses a été mis au jour dans le secteur D, il montre un affleurement de matière première en place dans le parc, équarri par les meuliers.
  4. Une belle ébauche (raté de taille) a été mise au jour, encore en place dans la pente du talus, en surface du secteur E.
  5. Sur les traces des meuliers gallo-romainsAprès défrichage de la partie supérieure, toujours dans le secteur E et en retrait du talus, dans un carroyage de 2 x 2 mètres, des éclats de taille de multiples calibres ont été collectés, dont les mesures vont du millimètre à plusieurs centimètres. Ils indiquent vraisemblablement l’existence in situ d’une aire de travail pour la finition et le rayonnage des meules.


En conclusion, cette opération de défrichement a donc été très positive. Elle nous laisse entrevoir des perspectives de recherches très prometteuses sur les activités des meuliers gallo-romains, avec notamment toute la chaîne opératoire, depuis l’extraction des blocs de grès jusqu’à la finition des meules. A suivre…

Christian GARCIA