Nouvelles études sur le site antique et alto-médiéval d’Ecouen/Saint-Brice-sous-Forêt
Une étude anthropologique est en cours sur les sépultures provenant des fouilles de 2013 et 2017, les résultats seront disponibles prochainement.
Le site gallo-romain et alto-médiéval de Saint-Brice-sous-Forêt (95), au lieu dit « La Plaine du Moulin », a été à nouveau partiellement fouillé par la JPGF de Villiers-le-Bel en 2017. Cette fouille s’inscrivait dans le cadre d’un programme de recherche sur la production artisanale de céramique en Pays de France et cherchait à comprendre la succession des activités sur le territoire entre Écouen et Saint-Brice-sous-Forêt au cours de l’Antiquité et du haut Moyen Âge.
Ces fouilles archéologiques, dont les premières remontent à 1967 et 1976, ont permis de mettre en évidence une occupation du site dès l’âge du Fer et jusqu’au Xème siècle, à l’époque carolingienne (R. Guadagnin 2017). L’existence d’ateliers de potiers gallo-romains fût à l’époque suspectée, car de nombreux débris retrouvés en surface pointaient en ce sens (tels que des ratés de cuisson et des céramiques techniques). Ces ateliers se sont installés le long de la voie romaine allant de Paris à Amiens (la via strata lapide, ou « Vieux chemin de Paris ») pouvant ainsi diffuser leur production sur de longues distances. La fouille effectuée en 1976 sous la direction de J-F. Flécher avait, pour sa part, pu mettre en évidence l’existence d’une nécropole mérovingienne et un bâtiment gallo-romain, sans pouvoir déterminer leur étendue ni les fonctions éventuelles des constructions gallo-romaines. Des fouilles et sondages programmés ont donc été effectués par la JPGF entre 2013 et 2017 afin d’explorer ces problématiques et y apporter des éléments de réponse.
À l’occasion de l’exposition « Les Petits Pots dans les Grands » présentée au musée Archéa de Louvres qui a eu lieu du 24 novembre 2017 au 20 mai 2018, une étude de la céramique trouvée de 2013 à 2017 sur les sites d’Écouen « Les Réserves de Chauffour » et de Saint-Brice-sous-Forêt « La Plaine du Moulin » (de part et d’autre de la voie antique) a été publiée dans le catalogue de l’exposition.
Ces travaux ont permis de confirmer qu’il existait des ateliers de potiers du Bas Empire (IIIème-Vème siècles) établis sur une villa romaine. Ces ateliers produisaient notamment de la céramique sigillée de type argonnais, en plus de la céramique commune. Du côté occidental de la voie romaine (commune de Saint-Brice) l’atelier s’était implanté dans la pars rustica de la villa, dont le plan a pu être établi grâce aux fouilles et aux photographies aériennes. La nécropole mérovingienne s’est par la suite implantée sur les vestiges de la villa et des ateliers de potiers, perturbant et détruisant partiellement ces derniers.
Aujourd’hui la JPGF est en mesure d’annoncer que les recherches sur le site d’Écouen/Saint-Brice ont repris en 2020 ! En effet, une étude anthropologique est actuellement en cours et donnera lieu à la publication des nouveaux résultats prochainement dans son bulletin annuel.
Ce travail consiste en l’étude des ossements humains retrouvés lors des fouilles de 2013 et de 2017. Elle nous permettra d’en apprendre un peu plus sur les populations vivant à cet endroit entre le VIème et le Xème siècles, et nous aidera à mieux comprendre le site dans son ensemble. Ce travail peut notamment permettre de connaître l’âge au décès des personnes inhumées, leur sexe ou encore leur taille. De plus, il est aussi possible d’acquérir des informations sur leur état de santé ou la difficulté de leurs conditions de travail. La façon dont ils sont inhumés et dont leur corps a été traité permet également d’en apprendre plus sur les mentalités des personnes de l’époque, du rapport que les vivants entretenaient avec leurs morts et, éventuellement, des croyances de l’époque. L’étude des morts permet donc d’avoir un petit aperçu des vivants de l’époque !
Enfin, cette étude permettra de reprendre le travail entrepris par J-F. Flécher, qui a fouillé le site en 1976, et de Guy Auboire, l’anthropologue ayant étudié les squelettes provenant de cette fouille. Cet axe apportera un angle intéressant à l’étude, car les méthodes employées en anthropologie ont bien évolué depuis les années 70 et une vision moderne sur ces travaux permettra de leur donner un nouvel éclairage. D’autre part, un chapitre sera consacré aux modes d’inhumation (en sarcophage de plâtre, en encadrement de pierre, en pleine terre…) et au mobilier funéraire (poteries des VIème et VIIème siècles, accessoires vestimentaires et parures : plaque-boucle, collier de perles, et, découverte exceptionnelle : une francisque !).
Marianne Maffiolini-Binet